Spécialisé dans les solutions d’infrastructure, d’intégration, de modélisation de processus et de gouvernance, l’éditeur Software AG est engagé sur deux terrains. Dans les entreprises, il garantit d'une part la préservation de l’existant, autour de ses produits historiques Adabas et Natural, et d'autre part, il s'engage dans les projets de transformation numériques les plus pressants avec sa Digital Business Platform. Sur cette offre, la filiale française de l’éditeur a convié quatre de ses clients à témoigner à l’occasion de sa conférence Innovation Day 2016, qui se tenait hier à Paris.

Auprès des utilisateurs de sa base de données Adabas et de l’environnement de développement Natural - toujours exploités sur mainframes - Software AG s’est engagé fin 2015 à supporter ces deux produits jusqu’en 2050, ce qui laisse largement aux entreprises le temps de se retourner... Comme une réponse à cette annonce, cette activité, qui pesait toujours en 2015 près de 30% du chiffre d’affaires de la société, a vu ses revenus augmenter de 20% sur ce premier trimestre 2016. L’activité Digital Business Platform a de son côté progressé de 9,4% en 2015 et de 6% sur le début de l’année. Sur le marché français, cette suite qui regroupe les solutions webMethods, Aris et Alfabet a été mise en œuvre par des entreprises comme Banque de France, Engie, PSA Banque et BUT, présentes hier à la Maison de la Chimie. « Ce qu’il y a d’intéressant en France, c’est qu’il y a un véritable appétit des entreprises pour le digital », nous a assuré Pierre Brunet, directeur général de la filiale, en amont de la conférence. « Nous voyons des Chief digital officers arriver dans les groupes, avec des responsabilités qui varient selon le contexte. S’ils sont généralement missionnés par la direction générale pour donner le « La », leur lien s’est resserré avec le CIO, ce qui nous amène beaucoup plus sur le devant de la scène avec notre plateforme digitale qui s’appuie sur les briques que nous avons construites depuis une dizaine d’années et sur laquelle nous sommes consultés de façon transversale ».

Réadapter les processus face à la réalité opérationnelle

Software AG qui s’est traditionnellement adressé aux directions informatiques, où se trouvent ses premiers utilisateurs, cherche aussi à se faire connaître des directions métiers, de concert avec la DSI. Il y a un peu plus d’un an et demi, le groupe d’origine allemande (n°2 des éditeurs de logiciels outre-Rhin derrière SAP) a concrétisé cette inflexion en créant un poste de « Chief Customer Officer » siègant à son comité exécutif. Pour l’occuper, il a recruté Eric Duffaut, ancien responsable du réseau indirect de SAP au niveau mondial. « Pourquoi un CCO, parce que nous sommes entrés dans l’âge du client », rappelle celui-ci dans un billet récent. « On peut plus que jamais rationaliser l’opérationnel pour fournir aux clients de façon effective des services personnalisés en temps réel ou faire évoluer son business de façon dynamique en réponse à des événements de toutes natures ». De fait, dans l’Hexagone, Pierre Brunet constate d’abord que les entreprises ont besoin de  réadapter leurs processus face à la réalité opérationnelle à laquelle elles se confrontent avec la transformation numérique.

Cette situation s’illustre par exemple dans le projet engagé par Banque de France. Dans le cadre de ses services d’interconnectivité entres les banques, l’établissement est passé d’une vision d’urbanisation des SI et des processus d’entreprise à une phase d’ouverture de ces processus vers le monde extérieur et à leur orchestration au sein de la plateforme, explique le DG France. Il souligne par ailleurs que, sur ces aspects, la Banque de France a été moteur pour amener d’autres banques centrales en Europe à adopter cette démarche sur la base des technologies de Software AG.

Toujours dans le monde financier, PSA Banque a retenu de son côté l’outil PPM, Performance Process Manager. Cette solution, qui fait partie du catalogue de produits apporté par IDS Scheer, permet d’identifier les processus tels qu’ils se déroulent véritablement dans le SI. « Nous sommes ici dans la recherche de la réalité opérationnelle, on sonde le système pour restituer les processus et voir ce qui se passe entres les métiers et les clients dans le SI », décrit Pierre Brunet. En partant d’un indicateur clé de performance (comme, par exemple, le délai moyen de paiement des clients), on reconstitue les processus tels qu’ils se déroulent afin de montrer comment ils ont influencé ou pas l’atteinte de performance. « C’est une rétro-documentation qui s’effectue via les KPI, liée à un enjeu métier. Cela devient finalement un cahier des charges de transformation réaliste car on peut dès lors mieux définir la manière dont on va faire interagir le système avec les opérationnels mais aussi comment automatiser certaines tâches et pas d’autres », expose le DG.

Projet omnicanal pour la chaîne de magasins BUT

Dans le cas d’Engie (anciennement GDF Suez), une partie de l’offre de Software AG est utilisée dans une mise en œuvre plus traditionnelle du SI, parallèlement à d’autres projets réalisés avec l’éditeur de la Digital Business Platform, notamment autour des compteurs connectés (collecte et restitution d’informations). Le fournisseur d’énergie a fait le choix de l’offre Alfabet qui permet de décrire des systèmes IT complexes. Il va l’utiliser pour produire un schéma directeur dynamique afin d’adapter « la machine IT à la réalité opérationnelle et à la transformation du métier », indique Pierre Brunet.

Le quatrième client convié sur l’Innovation Day 2016 était le groupe BUT, spécialisé dans l’équipement de la maison et engagé dans un projet d’omnicanal avec les solutions Aris, Alfabet et Webmethods. Premier distributeur de produits bruns en France, le groupe se développe rapidement. Son DSI, Robert Eskenazy, a précédemment mené un projet multicanal chez Galeries Lafayette, autre client de Software AG. Chez BUT, le projet de transformation numérique complet avance très rapidement, avec des développements en méthode agile. « On est ici véritablement dans le “low latency” dans la gestion des événements », décrit Pierre Brunet. L’objectif étant, dans un contexte multicanal, de réagir le plus rapidement possible entre la capture d’un événement client sur Internet ou en boutique et l’engagement d’une action.

Des solutions accessibles dans le cloud AWS

Parmi les clients figurent aussi EDF qui utilise les technologies de Software AG pour la mise en oeuvre du portail qu’il propose à ses clients pour le raccordement de leur ligne lors d’un déménagement. Pierre Brunet souligne au passage les outils de gestion des API proposés au sein de la Digital Business Platform, avec webMethods Mediator combiné à CentraSite. Software AG, dont une partie des solutions étaient déjà disponibles en mode cloud, les logiciels Alfabet par exemple, avait annoncé l'an dernier qu’il prévoyait de rendre l’ensemble de ses outils disponibles dans le cloud d’Amazon Web Services. Il le propose désormais pour ses clients qui souhaiteraient les exploiter de cette façon, ce qui ne représente encore qu'une minorité d'entreprises.