Au palmarès des secteurs dans lesquels les retours d'expérience sont loin d'être légion, celui de la banque/finance décroche souvent la première place. Pourtant, à l'occasion de l'événement Tectonic Summit, organisé à New York par CoreOS les 2 et 3 décembre, ce sont deux poids-lourds bancaires qui se sont prêtés au jeu des questions-réponses à propos de leurs projets dans les domaines du cloud et des containers : Bank of America et Goldman Sachs.

Chez ce dernier, cela fait 6 ans que l'aventure du cloud a débuté avec aujourd'hui près de 85% des workloads de la société qui tournent dans un framework cloud, a indiqué Ram J. Rambhaskar (dit J Ram), directeur général de l'établissement et en charge de cette activité. Toujours chez Goldman Sachs, on apprend ainsi que l'entreprise compte parmi ses effectifs un bataillon de 8 000 développeurs supervisant un cheptel de 4 500 applications. Du côté de Bank of America, les forces sont plus importantes : 17 500 développeurs, mais aussi 12 500 employés support et près de 9 000 personnes travaillant dans l'infrastructure IT.

Des workloads de production dans des containers chez Goldman Sachs

Les containers sont montés en puissance sur le marché du cloud et du développement d'applications sur les 18 derniers mois (lire le dossier Des containers aux architectures microservices). Ils constituent un moyen pertinent et malin pour packager aussi bien des applications que des composants. D'après Ram J. Rambhaskar (Goldman Sachs), le but de l'utilisation de containers dans sa société est de penser le développement d'applications ainsi que la gestion de l'infrastructure et des opérations le long d'un continuum unique. « Avant cela, nous avions dû forcer les choses dans quelque chose qui ressemblait à un continuum », a expliqué J Ram. « Les containers permettent aux équipes de l'infrastructure de commencer à optimiser la plateforme, aux équipes des applications de penser au delivery et aux équipes opérationnelles de penser à gérer et adapter la situation en fonction de la complexité des situations. » A noter que l'établissement a déjà certains workloads de production tournant dans des containers.

Pour Ryan Thomas, responsable technologie et architecture chez Bank of America, l'usage des containers est « intensivement exploré ». Et s'il y a actuellement des dizaines d'environnement de développement utilisant des containers, ce nombre devrait grimper à plusieurs centaines en 2016. Pour lui, les containers représentent pour sa banque une façon pour les développeurs et les personnes de l'infrastructure de se concentrer sur un travail ayant la plus forte valeur ajoutée. Car trop de temps est passé à gérer des systèmes middlewares et de messageries n'apportant aucune valeur pour la société. « Simplifiant cela et inversant réellement les ratios entre les personnes qui maintiennent, supportent et gèrent juste des applications avec celles qui poussent les applications plus loin, apportent plus de valeur pour nos clients, ce qui est le coeur de notre objectif », a-t-il fait savoir. « Ce n'est pas une question de réduction des coûts, mais de réinvestissement dans les talents et les gens que nous avons pour apporter une vraie valeur ajoutée business et clients. »

De 64 datacenters en 2014 à 8 fin 2016 chez Bank of America

Et Ryan Thomas d'enfoncer le clou : « Quand vous entrez dans un monde de containers, vous évoluez de plus en plus dans un monde qui n'a pas été contrôlé par des environnements de règles et de régulations, et cela constitue un challenge pour nous avec lequel nous sommes quelque peu en décalage. » Cela étant dit, la banque considère les containers comme une belle promesse pour peu de s'assurer qu'ils soient sûrs et s'intègrent à ses activités.

La simplification est également synonyme de consolidation. Et Ryan Thomas (Bank of America) d'indiquer que l'établissement a fait passer le nombre de ses datacenters de 64 l'année dernière à 31 cette année. Et ce n'est pas fini, puisque le responsable prévoit de passer à seulement 8 datacenters d'ici la fin de l'année 2016. A la clé, des gains en termes d'efficience des infrastructures et des opérations, sachant que Bank of America - tout comme Goldman Sachs - recourent aussi à des ressources cloud public, mais pas pour les mêmes besoins. Alors que Bank of America les utilise pour des workloads non sensibles, Goldman Sachs de son côté s'en sert « dans une bulle sécurisée » pour certains workloads.

Tout cela ne s'est en revanche pas fait du jour au lendemain, dans un contexte marqué aussi bien pour Bank of America que pour Goldman Sachs par des fusions et autres rachats. « Ne sous-estimez pas la complexité que vous avez déjà dans votre environnement opérationnel », a ainsi prévenu J Ram, directeur général de Goldman Sachs. Et ce dernier de pointer du doigt combien l'intégration de l'outillage opérationnel existant, du code source historique et des processus de gestion des configurations dans un nouveau monde de cloud et de containers, a été un challenge de taille. « Ce n'est pas la technologie qui va vous arrêter, mais bien plus l'organisation et la culture organisationnelle. »